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Guide Hachette 2018 - Vigneron de l'année

Domaine Drouhin-Laroze
Philippe Drouhin, élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2018



Le Domaine Drouhin-Laroze multiplie les coups de coeur ces dernières années. Philippe Drouhin, installé en 2001, effectue une transmission tout en douceur et en clairvoyance à ses enfants Caroline et Nicolas. Les résultats suivent...


Le domaine obtient un nouveau coup de coeur sur cette édition du Guide. Comment expliquez-vous que vos vins se positionnent aujourd'hui parmi les références de la Côte de Nuits ?

Probablement grâce à l'arrivée aux commandes de la nouvelle génération. En 2014, j'ai commencé à déléguer la vinification à mes enfants. Ils étaient déjà présents au domaine, mais nous avons commencé à mettre leurs idées en place. Ils prennent des options qui collent mieux au goût du moment. Ils auront complètement la main au cours des prochains millésimes. Depuis un certain nombre d'années, je m'attache à ce que la transition se fasse en douceur et le plus tôt possible.


Qu'est-ce qui a précisément évolué sous l'implusion de Caroline et Nicolas ?

Dans les années 1970, nos parents produisaient des pinots noirs tout en élégance et en finesse, au détriment de la couleur et de la structure. Ma génération a montré qu'il était possible de donner de la couleur et de la structure au pinot noir. J'étais de cette génération-là. Aujourd'hui, les amateurs cherchent aussi de l'élégance, de la rondeur et de la finesse, tout en ayant une belle structure soutenue par des tanins bien présents et fins. La nouvelle génération sait bien le faire, avec un travail en amont à la vigne permettant d'amener à la cuverie des raisins de la meilleure qualité possible et une maîtrise de la vendange entière, avec des pigeages moins nombreux et plus doux et beaucoup de petits détails qui mis bout à bout font les grands changements.


Aujourd'hui, le domaine pratique donc les vinifications en vendanges entières ?

Oui, mon fils maîtrise cela parfaitement. Nous n'en faisons pas une généralité. Ce choix est réfléchi à chaque arrivée de raisins en fonction de la qualité de la rafle et de ce que l'on veut apporter aux vins.


Votre fils Nicolas a-t-il fait des stages ? S'est-il inspiré de certains domaines en particulier ?

Il échange beaucoup avec ses confrères. C'est une génération qui aime bien se rencontrer, faire des dégustations comparatives et s'échanger des informations. On est plus dans la génération « secret » mais dans la génération « ouverture ». Et c'est un bien pour la qualité globale des vins.


Vous faites donc pleinement confiance à cette nouvelle génération ?

Oui, moi j'ai fait ce que j'avais à faire depuis 2001 en mettant le domaine à son niveau de qualité actuelle. J'ai fait ma part du travail, mais avec les années, je commençais à stagner, la jeune génération avance vite, elle est extrêmement pointue sur plein de choses. Il faut être dans le coup, d'où ce choix.


Dans quelles circonstances s'est opéré ce renouveau il y a quinze ans ?

Comme actuellement, lorsque j'ai pu appliquer ma façon de voir les choses en vinification, qui collait avec la tendance du moment et le goût des clients. J'ai eu la chance que les gens s'intéressent à ce que je mettais en place et au résultat obtenu, ce qui m'a permis de retrouver une clientèle fidèle.


Des évolutions en termes d'élevage sont-ils à noter ?

Non. La volonté de mes enfants est de respecter le style du domaine en faisant des vins élégants, fins. Nous gardons un élevage de dix-huit mois en fût, avec toutefois l'idée de baisser un peu le pourcentage de fût neuf (entre 20 et 80 % aujourd'hui en fonction des appellations

).

Sur la culture de la vigne, des évolutions notables sont-elles à signaler ?

J'aime dire que l'on est en culture raisonnable, on s'approche le plus possible de la culture bio. C'est la tendance bien évidemment et c'est dans l'actualité du domaine, mais il est encore trop tôt pour en parler.