Spécial Clos de Vougeot
Domaine Drouhin-Laroze
Dans
cette famille, les générations se succèdent au rythme du Clos Vougeot.
Il se transmet dans le respect des anciens et l'audace des lendemains.
Comme un arbre ouvert sur les
générations,
le Clos Vougeot rythme le balancier des riches heures de Drouhin-Laroze : "Il
fait partie de notre histoire : mon arrière-grand-père en possédait déjà
quelques ouvrées, auxquelles se sont ajoutées celles dont mon père Bernard
s'est porté acquéreur en 1970,
explique Philippe . Dans
la famille on achetait plutôt des vignes du haut que du bas, nous possédons
ainsi 1,02 hectare dans le secteur caillouteux dit 'des papes' sur deux
parcelles séparées par un chemin aux lieux-dits 'Plante Labbé' et 'Quartier de
Marei Haut'."
Regardant Caroline et Nicolas, ses
enfants, il hausse légèrement les épaules : "Je leur laisse la place et je suis
en phase de passation avancée, cela a débuté en 2014. Sur cette année 2017, je
deviens simple consultant : je préfère les laisser mettre en oeuvre leur propre
vision des choses car abandonner l'égrappage intégral ce n'est pas dans ma culture.
Mieux vaut que ce soient eux qui assument cette technique et appliquent leurs idées." Saisissant
le tanin au bond, Nicolas reste scrupuleux :
"Sur le Clos Vougeot, on fait des dégustations de baies et de rafles à la rentrée de la récolte et là je définis de façon très précise la
proportion de vendange entière, qui oscille entre 20 et 40 %, sans jamais aller
au-delà. Attention, on vérifie que les grains soient bien attachés à la grappe,
sans cela ce n'est pas la peine d'adopter une telle pratique. Sur une année
sèche comme 2015, ce mode de vinification apporte de la fraîcheur et de la
tension. En revanche, comme cela ne s'imposait pas, en 2014 nous avons tout égrappé."
Le jeune homme semble très ouvert,
avec beaucoup de naturel il s'adapte à chaque millésime. Attentif au
développement durable, il entend poursuivre la démarche de culture raisonnable
mise en place par son père, au plus près du bio tout en gardant la possibilité
d'une intervention adaptée en cas de mise en péril de la récolte. Tout dans cet
univers exprime le geste précis et mille fois répété : les rognages hauts
procurent un bon écran de végétation,
nécessaire pour un apport de sève
plus important. La plante en sort dynamisée, on évite ainsi que les raisins ne
grillent sous l'effet d'une forte chaleur. Faire de l'innovation sans turbulences, respecter le passé
tout en le ranimant, tel est le challenge de Nicolas : L'objectif reste
de posséder une végétation la plus éparpillée sur le rang pour une belle
aération des baguettes et des baies. Évidemment, la vendange verte fait partie
d'une action traditionnelle et quasi systématique."
Arborant un large sourire, Caroline Drouhin vous entraîne dans une descente de cave bien menée. Le caveau semble faire le gros dos pour épouser la forme arrondie de son architecture, égayée par une grande tapisserie et des vitraux dignes de Saint-Bernardin. Les galeries creusées constituent autant de chapelles rayonnantes où chacun se recueille devant les millésimes joliment alignés. En un coup d'oeil, on embrasse tous les grands crus de la propriété. Complétant la gamme des bonnes mares, musignys, latricières, chapelle-chambertin et chambertin-clos-de-bèze, le clos vougeot se révèle le plus puissant.
L'office débute avec le 2011, gaillard, caressant tout en restant élégant ; progressivement apparaissent quelques nuances terriennes. Aérien, avec un fruit plus précis, le 2013 possède de jolies épaules cerisées nuancées d'un subtil retour de réglisse.
On monte en intensité sur le 2014, dynamique et profond : ce style classique méritera une plus longue garde. Déjà très charmeur, 2015 exhibe de délicieuses notes florales ; son velouté mérite de retendre son verre, histoire d'escorter les généreuses gougères de Christine Drouhin. En deux tours de main, cette cuisinière hors pair vous mitonne un boeuf bourguignon qui appelle un Clos de Vougeot 1949. La terre semble alors ouvrir ses entrailles pour offrir le plaisir souterrain et sensuel des flaveurs de truffe noire. DENIS HERVIER
CLOS DE VOUGEOT
2014
« On a souffert sur ce millésime
eu égard aux conditions
climatiques chaotiques.
Mais au final, il a une belle
intensité aromatique, des tanins
fins. C'est un vin intense,
moelleux, avec de petites
notes épicées sur fond de fruits
noirs, idéal pour la garde. »